Kagura Musou: un groupe qui met la tradition en fusion!
A l’occasion de la dernière édition de Japan Expo le mois dernier, Asiascope a rencontré le groupe Kagura Musou, dont les membres ont choisi de mettre leurs instruments traditionnels au service d’un rock métal innovant. Le public français leur a d’ailleurs réservé un accueil enthousiaste pour leur premier concert dans l’hexagone. Asiascope vous propose de découvrir ces artistes talentueuses!
Aux origines du groupe
Le groupe a été fondé en 2020. Nanami Akatsuki, chanteuse et leader des Kagura Musou, est à l’origine du projet. Elle souhaitait créer un genre métal typiquement japonais, et c’est à cette fin qu’elle a recruté Chiaki, qui joue du shamisen dans le groupe. Nanami voue en effet une passion au métal depuis des années: ” J’écoute des groupes comme Megadeth, Metallica, Kiss, Die Antwerp et Unleash the Archers. J’aime l’idée de concilier 2 concepts apparemment opposés: la destruction qu’évoque le heavy metal et l’aspect éphémère qu’exprime le son clair de la musique traditionnelle. C’est un peu comme essayer de produire une réaction chimique. ” Preuve que ce mélange des genres fonctionne parfaitement, le groupe a collaboré avec Marty Friedman qui a fait le déplacement à Japan Expo, pour un showcase d’anthologie. Le guitariste du légendaire groupe Megadeth a uni son talent au style unique du groupe pour produire une expérience musicale inédite qui a enthousiasmé le public.
Le nom même du groupe traduit ce souhait de créer un genre inédit: en effet , “Kagura” désigne une danse traditionnelle qui a pour but d’honorer les dieux, “Musou” signifie “l’unique”. Le groupe rend ainsi hommage aux racines de la tradition japonaise.
Nanami pratique les instruments traditionnels depuis son enfance, tout comme Chiaki qui joue du shamisen depuis ses 6 ans, sous l’influence de sa grand-mère: ” Elle avait l’habitude de chanter des chansons traditionnelles et leur musicalité m’a émue. Cela m’a donné envie de pratiquer le shamisen.” L’intérêt de Sakiko pour le koto est venu bien plus tard, mais toutes sont unies par leur amour de ces instruments emblématiques de la culture japonaise, qu’elles savent mettre au service d’un metal percutant.
Un style innovant
Pour produire cet alliage rare et unique entre l’énergie disruptive du metal et la délicatesse de la musique traditionnelle dont Kagura Musou a le secret, il a fallu trouver l’équilibre entre ces deux genres musicaux si diamétralement opposés.En effet, selon Sakiko, le son du koto étant faible, il est difficile de le faire entendre au sein d’un groupe. Elle a donc demandé à un magasin de musique de créer un koto électrique afin d’adapter le volume de l’instrument. Chiaki et Sakiko évoquent également toutes deux la nécessité d’adapter leur façon de jouer au sein du groupe, qui diffère grandement de la façon traditionnelle:” Le koto doit produire des notes plus vives, plus aïgues pour qu’il se prête au metal, mais il faut en même temps garder le son propre à l’instrument”affirme Sakiko. En outre, il faut selon Nanami savoir moduler sa voix selon les moments calmes et dynamiques des chansons. C’est donc avec une précision d’artisan que les membres élaborent cette musique si particulière. Pour illustrer cette notion, le leader de Kagura Musou nous parle de leur single Catharsis: ” Ce titre illustre la sublimation d’énergie négative en énergie positive. Le but de ce morceau est de partager ces émotions avec le public. A ce titre, nous avons d’ailleurs beaucoup apprécié l’accueil du public français, qui est très expressif!”
Une esthétique soignée
Ce qui n’a pas manqué de marquer également l’auditoire de Japan Expo , ce sont les magnifiques tenues de scène portées par les membres du groupe. Ce sont des hakamas, tenues traditionnelles composées d’un pantalon large et d’un haut à manches tombantes. Au Japon, elles sont portées par les femmes lors de cérémonies de remises de diplômes, ou par les Mikos, ces jeunes filles qui officient dans les temples. Pour Kazuaki-san, le producteur des Kagura Musou, cette esthétique participe au concept de contraste qui est au cœur de la philosophie du groupe. C’est lui qui élabore les tenues avec l’atelier Wanderpeace qui se spécialise dans les vêtements sur mesure. Sur scène , le résultat est saisissant: les hakamas mettent en valeur le style musical unique du groupe, apportant de l’élégance au dynamisme chaotique de leur performance. Pour poursuivre ce concept de fusion esthétique, Kagura Musou collaborera l’année prochaine avec Yoshiki, le célèbre membre de X-JAPAN pour sa marque de kimonos haute-couture.
Futurs projets
Leader du groupe, Nanami poursuit également une carrière d’actrice. Elle joue dans ” Kaiki Taxi” un film sorti le 5 Août. La chanson thème “Mystery Road” a été composé en collaboration avec Marty Friedman.
Japan Expo était la première date d’une série de concerts hors Japon. Le groupe se produira en septembre en Thailande et en Pologne, puis au Qatar en Novembre. L’an prochain, elles se produiront à Shibuya en Mars. Cependant, une chose est sûre: Kagura Musou souhaite très rapidement se produire à nouveau en France! En effet, l’accueil qui leur a été réservé les a agréablement surprises: ” Nous ne pensions pas que les français s’intéressaient à ce point à notre culture. ” s’étonne Nanami. “Le public a été très chaleureux et enthousiaste, désireux d’en savoir plus sur nos instruments ” ajoute Chieko. Les membres de Kagura Musou ont été fières de présenter leur culture en France, et espèrent pouvoir continuer à le faire lors de prochains évènements dans l’hexagone. Nul doute que le public français sera au rendez-vous lors de leur prochaines dates!
Merci aux Kagura Musou et à Kazuaki-san pour nous avoir accordé cette interview, à l’organisation de Japan Expo pour l’avoir rendue possible , et à M Tomotaro Hasegawa qui a assuré la traduction.
Crédit photo pour l’image d’illustration: Ⓒ Asiascope Juillet 2022
https://instagram.com/kaguramusou/